Il était une fois un vieux couple heureux, dernier roman de Khaïr-Eddine, ne constitue pas un cadre d'épanchements autobiographiques, il n'en est pas moins un cadre propice à accueillir un examen de conscience. Il propose une nouvelle façon de percevoir le monde, et, si d'un côté il console, en beauté, de l'amertume des textes précédents, de l'autre il continue le chemin intense de la mémoire et de l'imaginaire. Faute de cerner des vérités, les significations de la convivialité se recoupent, investissent des images de félicité universelle, d'un temps d'harmonie, du paradis à venir ou du paradis perdu, un héritage culturel qui relève d'une unité de goûts et de parfums dont la mise en écriture transmet plus qu'une identité, une histoire ou une mémoire : une philosophie, car on n'est pas seulement ce que l'on mange et l'air que l'on respire, on est aussi le fruit des émotions, les seules vraies, qui consolent et orientent. Ce roman, doublé d'un conte initiatique, montre bien comment le destin est toujours lié, de manière irrévocable, à la terre.